Mafia et vote d’échange, dans un bar Carini la remise de mille euros: “Des fonds européens dans les plans de Ferrigno”
La rencontre a eu lieu dans un bar de Carini. C’était le 17 septembre lorsque Salvatore Ferrigno, candidat des Popolari Autonomisti all’Ars, et Piera Loiacono, accusée d’être un intermédiaire entre l’homme politique et le mafieux Giuseppe Lo Duca, se sont présentés au rendez-vous pour la remise de l’argent. Cette réunion, filmée par des caméras placées par les carabiniers de Palerme, est l’un des moments clés de l’enquête coordonnée par le procureur adjoint Paolo Guidoa qui a conduit à des arrestations pour échange électoral politico-mafieux. Ferrigno, Loiacono et Lo Duca sont les bénéficiaires des mesures.
La livraison de l’argent
Sur les images acquises par les carabiniers, on voit la remise d’argent par le candidat de l’ARS à la femme. Selon les procureurs, l’argent était destiné à Lo Duca. “A 20h18 – écrivent les carabiniers – Ferrigno a pu être filmé en train de sortir quelque chose de la poche de son pantalon et de le remettre ensuite à Loiacono qui a soudainement tout remis dans le sac”.
Ensuite, il y a un dialogue intercepté par les micros placés dans la voiture de Piera Loiacono qui montre qu’il avait reçu mille euros de Ferrigno avec la promesse de nouvelles livraisons d’argent. « Et Peppe est-il satisfait ? demande l’homme qui est avec elle dans la voiture à la femme, faisant référence, selon les enquêteurs, au patron. “Et s’il n’est pas satisfait, je ne peux rien faire de plus”, répond Loiacono.
Lo Duca, fils du caïd mafieux Matteo surnommé “Panturru”, et sous le coup des carabiniers à la demande du substitut du procureur Paolo Guido et des substituts Giovanni Antoci et Alfredo Gagliardi de la Dda de Palerme avait fait une demande qui allait bien au-delà ces milliers d’euros. “Pas moins de cinq par ville” était la demande de Giuseppe Lo Duca à Piera Loiacono dans une conversation interceptée. “Pour le moment, je peux correspondre à trois au maximum quatre pays et c’est tout et ce sont : Carini, Torretta, Cinisi et Terrasini”. Et en échange de cet argent, il garantissait “pas moins de deux cents votes par pays”.
Les promesses de Ferrigno et les fonds européens
L’accord entre Ferrigno, Loiacono et Lo Duca aurait dépassé l’argent convenu. Il aurait également fourni d’autres sources de revenus en échange de votes.
“Pour tenter d’augmenter le prix et de réduire les dépenses dues au soutien électoral, Salvatore Ferrigno tente d’attirer ses interlocuteurs (directs et indirects) avec la perspective d’accéder à des projets futurs avec des marges bénéficiaires plus larges que la rémunération dérisoire requise pour la collecte des voix », écrit le juge d’instruction qui a ordonné l’arrestation.
Le candidat de l’ARS, ne sachant pas qu’il est intercepté, confie en effet à Loiacono : “Dès qu’on se verra, je t’expliquerai certains projets qui peuvent complètement nous changer car il faut parler de gros sous, de projets”. Et soulignant qu’il ne veut pas parler directement avec Lo Duca mais qu’il ne veut s’occuper que d’elle, au cours de la conversation il ajoute : “Nous devons parler des projets de la Communauté européenne, des fonds communautaires, de ces choses-là” .
Dans une autre interception, Ferrigno précise : “Je n’essaie pas d’acheter des votes car mes collaborateurs les mettent en partenariat avec moi.” Et à ce sujet, le juge d’instruction écrit : « Le sens de cette déclaration n’apparaît que trop clair. Ferrigno croyait qu’il pouvait remplacer l’objet de son service en le convertissant d’un simple don d’argent pour la collecte de votes en un véritable partage programmatique d’objectifs et d’actions politiques ».
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