Les femmes des Vêpres entre histoire et légende : le visage féminin de la révolte populaire de 1282
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Tout le monde ne sait pas que le soulèvement contre les Angevins a commencé précisément pour une femme, dans le cimetière de l’église de Santo Spirito à Palerme, à l’heure des vêpres.
Tout a commencé pour une femme, dans le cimetière de l’église Santo Spirito de Palerme, au moment des vêpres.
Les Français avaient interdit aux Siciliens de s’armer et ce jour de fin mars, selon une reconstitution historique bien connue, Drouet, un soldat français, sous prétexte de fouiller une jeune femme nommée Bianca et son mari pour savoir s’ils étaient cachant des armes », elle fouilla dans les vêtements de son mari puis déchira le linge blanc qui couvrait la poitrine de Bianca et y glissa la main : les proches s’opposèrent mais la violence triompha et la main atteignit les seins mous ! Elle est tombée inconsciente.” (Voir Broglio, 1858)
Le frère de Bianca a réussi à extraire l’épée du fourreau du soldat français et à le tuer.
Les Palermitains qui nourrissaient une rancune profonde contre les Angevins se jetèrent sur les autres soldats présents en criant : « Que les Français meurent ! Vengons nos femmes ! ».
Ce geste a été l’étincelle qui a déclenché une rébellion violente et sanglante, rendue aveugle par la haine.
Dans les récits populaires il est affirmé que la femme outragée n’aurait pas été Bianca, fille de Ruggero Mastrangelo mais Imelda, fille de Giovanni da Procida, éduquée à cet effet, pour organiser la provocation et déclencher la révolte déjà organisée par son père.
(B.Ciccardini, 2009.) Le Mastrangelo et Giovanni da Procida ont été parmi les principaux protagonistes des Vêpres siciliennes.
Au cours de la soirée et de la nuit qui suivirent le massacre de nombreux soldats dans le cimetière de Santo Spirito, les Palermitains se livrèrent à une véritable traque des Français, de leurs femmes et de leurs enfants : ce fut un carnage qui n’épargna personne.
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non même des bébés arrachés du ventre de mères ou de religieuses, dans des églises et des monastères profanés…
On raconte que les Siciliens, pour identifier les Français qui se déguisaient en tentant de s’enfuir, recoururent à un piège en leur montrant des pois chiches : ceux qui ne savaient pas prononcer correctement le mot ciciri (“pois chiches”) mais disaient “scisciri” étaient tués.
L’insurrection implique rapidement toute la Sicile.
À Catane, la sensuelle et sans scrupules Macalda di Scaletta, deuxième épouse du stratigote Alaimo da Lentini qui dirigeait Messine, était aux commandes.
Cynique, amorale et impitoyable, Macalda a été un protagoniste de premier plan de la révolte des Vêpres au cours de laquelle elle a tenté de mettre la reine Constance sous un mauvais jour pour séduire son mari, le roi Pierre d’Aragon.
Le souverain fut impressionné lorsqu’il vit Macalda chevauchant, vêtue d’une armure de mailles, armée d’une lance, prête à se battre…
mais les pensées de Pietro étaient toutes tournées vers la guerre et il ne s’impliqua pas dans les tentatives de séduction de la dame.
La conduite perfide et décomplexée de Macalda, prête à rendre des faveurs au sexe pour atteindre ses objectifs, est à l’opposé de l’image légendaire sage et réservée de Gammazita, une héroïne de Catane.
Selon la tradition de Gammazita, une belle fille d’une grande vertu, un soldat français était tombé amoureux, dont les propositions indécentes étaient pourtant méprisées par la jeune fille, qui était déjà fiancée à un bon jeune homme et qui a préféré se jeter dans un voisin bien plutôt que de céder au déshonneur.
Une autre version de la légende raconte que Macalda était tombée amoureuse de son jeune page Giordano, mais le cœur du garçon appartenait déjà à Gammazita.
L’amour des deux jeunes hommes rendit folle de jalousie la perfide Macalda, qui demanda au Français de Saint Victor de séduire Gammazita, de la rabaisser aux yeux de Giordano.
De Saint Victor tenta de posséder la jeune fille qui, ne voyant pas d’autre issue, préféra se jeter dans un puits pour défendre son honneur.
Giordano, en apprenant la nouvelle, a riposté en tuant le Français.
L’histoire de Gammazita est toujours citée par les personnes âgées de Catane comme un exemple du patriotisme des femmes de Catane.
Pendant ce temps, à Messine, le mari de Macalda, le vieil Alaimo, nommé capitaine du peuple, organise une défense populaire de la ville, assiégée par mer par Charles d’Anjou.
Selon une légende, deux femmes furent également protagonistes de la résistance : Dina et Clarenza.
Dans la tentative d’occupation, les Français n’ont épargné aucun civil, aucune personne âgée, aucune femme et aucun enfant.
Dans la nuit du 8 août, les troupes de Carlo tentent d’envahir la ville depuis les collines et les deux messines, qui guettent sur les murs, conscientes de l’arrivée des ennemis, font tout leur possible pour défendre Messine : Dina lance sans cesse pierres aux soldats ennemis et Clarenza sonnant les cloches de la cathédrale pour réveiller la population.
Les soldats et les civils se sont précipités en masse et ont réussi à repousser l’attaque.
Dina et Clarenza ils sont devenus l’un des symboles de la ville du détroit et sont représentés dans l’horloge astronomique du clocher de la cathédrale de la ville.
Seul un petit groupe de Français a réussi à échapper au massacre, trouvant refuge à Sperlinga (aujourd’hui dans la province d’Enna) et réussissant par la suite à arriver en Calabre.
Michele Amari a réussi à trouver des documents qui confirment que seulement à Sperlinga un groupe de soldats angevins a réussi à résister longtemps, aidé par la population.
Quod Siculis placuit, sola Sperlinga negavit (Ce que les Siciliens voulaient, seul Sperlinga l’a nié) est l’expression latine que l’on peut lire sur un portail du château rupestre de Sperlinga, gravé au XVIIe siècle par le propriétaire, le prince Giovanni Natoli.
Encore une fois, les femmes ont donné le leur apport fondamental: pour démontrer à ceux qui assiégeaient le château que dans l’enceinte du château il n’y avait que des moutons et des bergers, les Français jetaient des fentes des fromages fabriqués à partir du lait maternel de leurs femmes (M.
Collura 1984).